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La loi Blanquer : Pour une école de la Confiance, nous dirions vers une école de la défiance !

Vendredi 5 Avril 2019

La section socialiste de Creil apporte son soutien aux enseignants en grève et aux parents d’élèves qui se mobilise actuellement contre le projet de loi Blanquer.

Petit décryptage si vous n’avez pas pu creuser le sujet…



L’instruction obligatoire à 3 ans : un très gros cadeau de l’Etat à l’enseignement privé

Cette mesure, en théorie positive mais d’une portée limitée puisque 98 % des enfants de 3 ans sont d’ores et déjà scolarisés, représente avant tout un énorme cadeau aux écoles maternelles privées sous contrat puisqu’elle va obliger les communes à leur verser les mêmes aides qu’aux écoles publiques comme, par exemple, pour rémunérer les ATSEM. Un cadeau estimé à 150 millions d’euros.

Les établissements des savoirs fondamentaux : le lien entre parents/enseignants/enfants cassé !
Le regroupement des écoles dans un les établissements publics des savoirs fondamentaux EPSF sera décidé par le préfet et les collectivités locales après avis de « l’autorité de l’Etat compétente en matière d’éducation », par arrêté préfectoral. Il suffira que l’Etat et les collectivités locales le souhaitent pour que l’EPSF soit constitué. L’avis des conseils d’école ou du conseil d’administration du collège n’aura pas d’importance. Il ne sera même pas nécessaire de le recueillir.
Les EPSF seront dirigés par des principaux de collège qui auront un ou plusieurs adjoints dont l’un chapeautera les professeurs des écoles. Ces adjoints ne pourront être des directeurs d’écoles puisque ce devront être des personnels de direction reçu au concours de personnels de direction.

Plus de conseil d’école mais un conseil d’administration de l’EPSF qui regroupera les représentants du 1er degré.

La création des EPLEI : l’officialisation d’une école à deux vitesses
La loi permettra la création d’EPLEI (Etablissements publics locaux d’enseignement international). Largement dérogatoires aux programmes et règles français, ces établissements offriront des programmes et des diplômes internationaux aux enfants ayant déjà un bon niveau en langues, marqueur social par excellence. De quoi créer officiellement une école à deux vitesses et offrir un cursus d’excellence – entendre d’élite – aux enfants à haut capital économique. La loi invite bien sûr les recteurs à veiller à la mixité sociale dans ces établissements mais comme l’amendement tendant à fixer des quotas de boursiers a été rejeté par la majorité, la réalité risque d’être bien différente.

La généralisation des PIAL (Pôles inclusifs d’accompagnement localisés) : l’inclusion à moindre coût
Le ministère veut revoir la gestion des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) en passant d’une gestion basée sur les élèves à une gestion par établissement. Chaque établissement, ou groupe d’établissements, aura un volume d’emplois qu’il affectera selon les besoins. Ce sont les PIAL. L’objectif est de limiter les affectations personnelles des AESH au profit d’affectations collectives. Et ainsi de réduire leur nombre.
L’inclusion n’est décidément pas la priorité de ce ministère puisqu’il n’y aura pas de contrats pérennes pour les AESH mais des CDD de 3 ans renouvelables qui pourront déboucher sur une embauche définitive. Pas non plus de limitations des effectifs dans les classes recevant des élèves à besoins éducatifs particuliers comme cela a été proposé récemment dans des propositions de loi de députés de l’opposition.

La réforme de la formation des enseignants : renoncement et précarisation
La réforme de la formation des enseignants devrait permettre de confier à des étudiants de licence et de master 1ère année 8 heures de cours par semaine dans des établissements primaires ou secondaires. Ces étudiants, non certifiés par le concours et dont ni la maîtrise des connaissances ni la formation pédagogique ne seront attestées, pourraient être amenés à exercer des charges d’enseignement : soutiens, « devoirs faits », remplacements ponctuels, activités pédagogiques complémentaires (APC), enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI), puis remplacements plus systématiques… Ainsi le ministère cherche-t-il à compenser la baisse des moyens et le manque de remplaçants en confiant les élèves à des étudiants non formés, sans offrir la moindre garantie sur les moyens d’« accompagnement » de ces derniers.